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ANALYSE. Le regard du Dr Kalilou Sidibé sur les tensions d’avril 2015
Par Florent Blanc. Kalilou Sidibé est enseignant de sciences politiques et de relations internationales à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako, spécialiste des enjeux de sécurité dans le Sahel. Il a accepté de répondre à quelques questions de l’Ecole de la paix et, ainsi, de contribuer à l’analyse des tensions au Mali.
A quelques jours de la réunion des négociateurs à Bamako pour signer l’accord de paix en négociation depuis le mois de juillet 2014, Kalilou Sidibé attire notre attention sur les événements récents de Ménaka.
La prise de la ville par les troupes du GATIA, nous l’avions noté cette semaine, a été saluée par beaucoup et notamment par des acteurs politiques majeurs à Bamako.
Cette prise militaire est le fait d’un groupe armé composé de ressortissants de la communauté touareg qui ont pris fait et cause pour le gouvernement du Mali. Cependant, depuis la reprise de la ville sur les forces du MNLA, les régions du nord du Mali connaissent un regain de violences et une succession de combats qui, hier encore, ont coûté la vie à des civils mais aussi à des membres des forces armées maliennes.
Alors que le Mali et la communauté internationale s’apprêtent à voir se concrétiser plus de huit mois de négociation par la signature, vendredi 15 mai, de l’accord final, la prise de Ménaka et ses conséquences légitimement soulèvent inquiétudes et questionnements.
Le premier, selon Kalilou Sidibé, concerne l’attitude et la position du gouvernement malien. Le MNLA, au lendemain de la prise de Ménaka avait annoncé qu’il tenait le gouvernement pour responsable de cette attaque. Sur ce point, M. Sidibé explique que le GATIA dont on sait l’inclinaison pro-gouvernementale est dirigé par Fahad Ag Almahmoud, ancien secrétaire particulier (selon la version officielle) du Général Gamou (fondateur du GATIA après la bataille de Kidal du 21 mai 2014).
L’histoire du GATIA est liée à celle des forces armées maliennes mais également, rappelle Kalilou Sidibé, aux tensions internes au sein de la communauté touareg. Le groupe fondé par Gamou et Almahmoud regroupe des combattants majoritairement issus de la tribu des Imghads (régions de Tombouctou et de Ménaka), alors que le MNLA, dont le chef militaire est le Colonel Ag Nagim (issu de la tribu des Idnan) s’appuie sur les membres de la tribu des Ifoghas et des Chamanamas.
Le second questionnement, soulevé par Kalilou Sidibé, concerne donc, au-delà de la situation post-Ménaka, la capacité de l’accord de paix à initier la reprise d’un dialogue et d’une pacification des relations entre les combattants des tribus Touaregs et de leurs populations dans un Mali post-Accord d’Alger. Pour Sidibé, cette dimension de la crise sécuritaire et politique que connaît le Mali a été trop longtemps occultée, au risque de laisser présager un regain des tensions futurs que la signature de l’accord, prévue vendredi prochain, ne règlera pas.